mardi 22 mai 2007

 

Les manigances de l’OEA et de Washington vis-à-vis de Caracas

Nous avons trouvé cet article fort intéressant à propos d'Hugo Chavez et des accusations gratuites lancées sur lui. Ceci est à diffuser largement :
La Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH) mène campagne contre le président Hugo Chávez qu’elle présente comme un dictateur muselant la presse. En réalité, la CIDH de l’OEA est placée sous la coupe du département d’État des États-Unis pour lequel elle fait œuvre de propagande. Salim Lamrani analyse les incohérences des accusations lancées contre le Venezuela.

En avril 2007, suite aux pressions de Washington, la Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH) de l’Organisation des États américains (OEA) a décidé d’ouvrir une enquête à l’encontre du Venezuela pour « atteinte à la liberté d’expression ». La CIDH fait référence à des agressions dont auraient été victimes certains journalistes de deux chaînes de télévision putschistes RCTV et Globovisión, durant le coup d’État — qu’elles avaient par ailleurs soutenu — contre le président Hugo Chávez en avril 2002. Cinq ans après les faits, la Commission a subitement jugé que les plaintes étaient recevables.

La CIDH avait maintenu un silence étonnant suite au coup de force du 11 avril 2002, où plusieurs personnes avaient été sauvagement assassinées. Au lieu de se prononcer sur les violations massives des droits de l’homme qui ont suivi le coup d’État qui avait renversé Chávez pendant 48 heures, elle a préféré au contraire accorder du crédit aux plaintes déposées par l’opposition, responsable de la rupture de l’ordre constitutionnel. En réalité, le timing de cette procédure, aux motivations politiciennes, est intimement lié à la décision du gouvernement vénézuelien de ne pas renouveler la concession audiovisuelle à RCTV, qui arrive à son terme le 27 mai 2007.

Le président Chávez n’a pas tardé à réagir pour dénoncer l’hypocrisie de la CIDH qui, selon lui, ne dispose d’aucune autorité morale « pour émettre un quelconque jugement en référence aux affaires constitutionnelles du Venezuela […], car elle a largement soutenu par son silence la violation des droits de l’homme durant le coup d’État d’avril 2002 ». Il a également stigmatisé le manque d’indépendance de la Commission dont les instructions « correspondent aux intérêts de l’administration Bush ». « Comment vont-ils venir donner leur avis alors qu’ils ne se sont pas prononcés sur les faits inconstitutionnels et immoraux du coup d’Etat ? », a-t-il questionné.

La position partisane de la CIDH montre malheureusement à quel point elle est tributaire de l’influence de la Maison-Blanche. Il est en effet surprenant de voir cette Commission de l’OEA tenir les autorités vénézueliennes responsables de quelques agressions sporadiques dont ont été sujets certains professionnels des médias privés, alors qu’elle a toujours refusé de condamner la fermeture de la chaîne de télévision publique Canal 8 par les putschistes en avril 2002 et les violences qui se sont ensuivies. Par cette action au timing douteux, la CIDH se prête à la campagne hostile contre le gouvernement bolivarien et vient de perdre le peu de crédibilité qui lui restait.

La question de RCTV

La décision du gouvernement vénézuelien de ne pas renouveler la concession à RCTV est une action parfaitement légale puisque le spectre des ondes hertziennes appartient à l’État. De plus, elle a été largement approuvée par la population, qui a encore en mémoire la participation active de cette chaîne aux sanglants évènements d’avril 2002. De nombreux observateurs se sont d’ailleurs étonnés du fait que les quatre principales chaînes d’information privées Univisión, Globovisión, RCVT et Televen, toutes complices du coup d’État dirigé par Washington, n’aient pas été nationalisées.

Lors d’un acte flagrant d’ingérence dans les affaires internes d’un pays voisin, le Sénat chilien a approuvé une résolution exigeant de sa présidente Michelle Bachelet qu’elle proteste contre le non renouvellement de la concession de RCTV devant l’OEA. L’accord souscrit par 18 voix contre 6 dénonce « la transgression à la liberté de pensée et d’expression », sans pour autant mentionner l’implication de la chaîne dans les évènements de 2002. L’adoption de ce texte par un Sénat dominé par une majorité de droite n’est guère surprenante, selon le président Chávez : « Il s’agit de la même droite qui avait applaudi le coup d’État » de 2002, « cette extrême droite qui nous hait ». Cet échange virulent a engendré quelques tensions entre les deux nations.

Jesse Chacón, le ministre du Pouvoir populaire pour les télécommunications et l’informatique, a expliqué que le non renouvellement de la concession à RCTV était un fait naturel et inexorable. En effet, conformément aux articles 1 et 4 du Règlement sur les concessions pour les télévisions et les radios, l’accord qui a été signé le 27 mai 1987 avec RCTV pour une durée de 20 ans arrive à échéance le 27 mai 2007. L’espace radioélectrique actuellement occupé par RCTV sera destiné à une nouvelle chaîne publique conformément à l’article 108 de la Constitution qui stipule que l’État « garantira des services publics de radio et télévision et des réseaux de bibliothèques et d’informatique afin de permettre l’accès universel à l’information ».

Chacón insiste bien sur le fait qu’il ne s’agit pas d’une décision politique : « S’il s’agissait d’une décision politique, le 14, 15 ou 16 avril [2002] nous aurions ouvert une procédure administrative et on aurait fermé toutes les chaînes de télévision, car nous Vénézueliens savons comment elles ont activement participé au coup d’État du 11 avril ». Le ministre a souligné que les temps avaient changé depuis 1987 et que désormais la priorité était donnée au service public d’information.

RCTV, en plus de sa participation avérée au coup de force de 2002, est la chaîne de télévision qui a été la plus sanctionnée dans l’histoire du Venezuela. Depuis sa création en novembre 1953, le média privé a été sanctionné pas moins de six fois par les autorités. En 1976, sous le premier gouvernement de Carlos Andrés Pérez, RCTV avait été fermée pendant trois jours pour avoir violé la loi sur les programmes télévisuels. En 1980, le gouvernement de Luis Herrera Campins avait décrété une fermeture de 36 heures pour les mêmes raisons. En 1981, elle avait également été fermée pendant 24 heures pour avoir divulgué des scènes à caractère pornographique. Sous le second gouvernement de Carlos Andrés Pérez, RCTV fut sanctionnée pendant une journée pour avoir diffusé de la propagande commerciale en faveur de la consommation de tabac. En 1991, la Cour suprême de justice avait interdit un programme non conforme à la législation. Enfin, en 2005, sous le gouvernement de Chávez, RCTV a été condamnée à une forte amende pour entente illicite avec d’autres chaînes de télévision et violation des règles de la concurrence.

Le président Chávez a réaffirmé que la décision prise au sujet de RCTV était irrévocable. Désormais, la deuxième chaîne sera utilisée « au bénéfice de la nation et non contre la dignité des Vénézueliens ».

Hostilité croissante de Washington

Le leader vénézuelien a également accusé le gouvernement des États-Unis de stimuler l’opposition interne en vue de déstabiliser le pays. Un récent rapport du Département d’État accusait Chávez, qui a remporté près de 12 victoires électorales démocratiques successives depuis 1998, de représenter une « menace pour la démocratie vénézuelienne ». L’administration Bush, qui a essayé à plusieurs reprises de renverser le président bolivarien, n’apprécie guère les politiques indépendantes du Venezuela et ses succès sociaux qui installent un dangereux précédent sur le continent. Elle a clairement démontré qu’elle comptait se débarrasser de l’homme le plus populaire d’Amérique latine.

Échaudés par les déclarations de Washington, les secteurs extrémistes de l’opposition vénézuelienne n’ont pas tardé à réagir. Le 26 avril 2007, une nouvelle bombe explosait près de l’ambassade de Bolivie à Caracas, faisant d’importants dégâts matériels, et portant à près de onze le nombre d’attentats terroristes commis durant les derniers mois. Plusieurs personnes ont été arrêtées dont deux avocats, Luis Alberto Rodríguez et Diana Carolina Mora Herrera, qui avaient placé les explosifs.

Les États-Unis n’ont jamais écarté un éventuel assassinat du président Hugo Chávez. Depuis son élection, sa sécurité personnelle a été extrêmement renforcée et plusieurs plans d’attentats ont été déjoués par les services de renseignement. Washington, qui vient de libérer le Ben Laden latino-américain, Luis Posada Carriles, un terroriste responsable, entre autres, de 73 assassinats, a donné un signal clair à Caracas. Une élimination physique d’Hugo Chávez est à l’ordre du jour.

Salim Lamrani
Profesor de espanol y joven investigador en la Universidad Denis-Diderot de Paris


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Commentaires:
Extrêmement intéressant de voir la manipulation des États-Unis contre Hugo Chavez et le Venezuela.

Évidemment, David va venir nous dire qu'il est un dictateur et qu'il dit avoir les meilleures sources quand ce n'est qu'en fait des médias propagandistes.
 
David peut toujours écouter le film du coup d'état orchestré par la droite, la même qui constituait l'opposition en décembre 2006 contre Chavez aux élections et qui a triché, la même qui a fait souffrir le peuple vénézuélien depuis tant d'années, la même qui s'est toujours montrée répressive envers un peuple qui n'avait que faim, la même qui pour son coup d'état a eu l'aide de Washington, la même qui menace constemment le peuple qui désire participer aux référendums multiples que soumet Chavez afin de réellement donner le pouvoir au peuple et la même qui a usé de l'aide de "reporters sans frontière" afin d'inviter le peuple à assassiner Chavez, rien de moins! Le FMI et la Banque Mondiale, ils conaissent aussi!

David a beau inventé ce qu'il veut, je ne l'ai jamais vu écrire un argument, il est réactionnaire... D'ailleurs, c'est toujours ce qui manque dans un texte de droite, des arguments! Facilement, nous trouvons des contre-arguments, même où il n'y en a simplement pas.

Voici pour le lien et David devrait le visionner avant de gémir quelconque commentaire...

http://video.google.com/videoplay?docid=5832390545689805144
 
Le VENEZUELA est la voix pour la construction du socialisme du 21eme siècle !
 
Vous diriez quoi si Harper décidait de nationaliser tous les médias le critiquant ?

Vous diriez quoi si Harper décidait de gouverner par décret ?

Vous diriez quoi si Harper foutait à la porte tous les juges de la cour suprême pour les remplacer par les siens ?

Vous diriez quoi si Harper passait une loi interdisant la critique ?

...

En défendant le Chavez, vous défendez un système que vous n'accepteriez même pas au Canada.

Allez y vivre au Venezuela si le pays est si paradisiaque !
 
David, permet moi de te faire remarquer qu'il est très difficile d'avoir des nouvelles fiables sur le Venezuela, tant du côté américain que vénézuélien.
 
David,

Harper agit selon ses intérêts et ceux de ses proches. Il n'est pas là au service de la population comme beaucoup semblent croire. Si vraiment il était à notre service, le privé n'existerai qu'à peine et tout serait gouverné par des soviets.

Mais ça, Harper est très loin de là.
 
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
 
-D'abord, je serais pour la nationalisation des médias, c'est certain, merci de proposer!
David compare des pommes avec des navets pourris! Les médias vénézuéliens dont on parle, ont encouragé pendant 7 ans à l'assassinat d'un dirigeant élu démocratiquement, ce plusieurs fois. Si une radio encouragerait ici au meurtre de Charest, il y aurait des chances que ça se digère mal... Si en plus d'encourager au meutre de Charest, ce serait un autre pays qui en subventionnerait l'odieux, tout en se camoufflant derrière un nom comme "reporters sans frontière"...

-Harper gouverne déjà comme par décret, il prend des décisions unilatérales quant à la direction énergétique que prend le Canada, il mutiplie les réunions à huis-clos. Ce qui se passe en Alberta, ça ne concernait pas le peuple dira David? Le nucléaire, prôné par ce gouvernement iresponsable et pro-bourgeois, y a t-il eu consultation publique? Absolument pas, au lendemain de son élection, Harper conculait une entente de fournir le pétrole aux Amirequins, une quintuplication de la production la polluante de pétrole au monde. La transformation de ce sable nécessite 7 barils d'eau douce, pour un baril de pétrole! Je suis certain que le peuple serait d'accord, sachant qu'il manquera d'eau sur la planète d'ici 10 ans pour plus de la moitié du globe!

-Les juges: Harper a mis ses juges en place, chaque premier ministre dans notre système en fait autant dans son règne, David devra alors refaire ses devoirs. De plus, les juges du Vénézuéla n'étaient pas impartiaux, ça ne représentait donc pas la justice. Ils sont en fait une partie importante du maigre 5% de bourgeoisie, anciennement privilégiés à fond par l'élite parasitaire et minoritaire bourgeoise! Quand la majorité du peuple vénézuélien manifestaitpour boire et manger, les juges sirotaient une boisson en mangenat, tout en signant un ordre de répression armée aux dirigeants qui en faisaient la demande en versant des pots de vin. Vraiment David, tu n'améliores pas ton sort!

Ah! Et pour ce qui est de foutre le camp dans un endroit où le travail est déjà très avancé, on appelle ça de l'opportunisme et c'est dans ton camp qu'ils sont ceux-là David! Si tu veux nommer ça un paradis, faudrait que tu saches que c'était l'enfer sous le règne de tes amis les capitalistes!


Et fais nous confiance David, nous serions très heureux de pouvoir nous partager les profits du pétrole albertain et de toutes les autres ressources naturelles que nous croyons communes, comme l'or et le bois etc... Partager des milliards, ça veut dire jamais manquer de fric pour ton système de santé universel, jamais augmenter les frais scolaires voire installer la gratuité. Ce que tu défends toi, c'est la pleine prise de profit e la part de quelques individus. Je vois très mal comment tu peux défendre ton oint, mais essais tout de même!

Tiens David, tu n'auras pas à te tapper l'adresse, lis le ici et instruis toi au lieu de nous vômir ta propagande mensongère. Cesse de regarder sans arrêt ton film fétiche (illusion tranquille) et prends le poul du peuple!




http://www.voltairenet.org/article145116.html?var_recherche=reporter%20sans%20fronti%C3%A8re?var_recherche=reporter%20sans%20fronti%C3%A8re

Nouvelle Guerre froide
La guerre de désinformation de Reporters sans frontières contre le Venezuela
par Salim Lamrani*

Les États-Unis reconstituent progressivement un réseau d’organisations destiné à dénigrer les États qui leur résistent et à y organiser des troubles politiques. Reporters sans frontières s’inscrit désormais dans cette perspective de nouvelle Guerre froide. Ainsi, l’association reprend-elle à son compte la propagande du département d’État contre le Venezuela.

Depuis l’élection de Hugo Chávez à la présidence de la République en 1998, Reporters sans frontières (RSF) a multiplié les attaques contre le gouvernement vénézuelien, l’accusant notamment de porter atteinte à la liberté de la presse. Pourtant, depuis 1999, près de 500 nouveaux organes de presse locaux et nationaux (journaux, radios et chaînes de télévision) ont vu le jour dans ce pays. Dernièrement, l’organisation parisienne s’est offusquée de la décision des autorités de ne pas renouveler la licence au groupe audiovisuel privé Radio Caracas Televisión (RCVT), qui expirera le 28 mai 2007. RSF a transformé ce choix tout à fait légal, car le spectre des ondes hertziennes appartient à l’État, en une « atteinte à la pluralité éditoriale ».

RSF confesse qu’elle n’ignore pas « l’attitude de RCTV durant le coup d’État d’avril 2002 » qui n’avait pas « caché [son] soutien » au renversement de l’ordre constitutionnel. Mais, selon l’entité française, le fait ne pas renouveler la licence d’une chaîne qui a ouvertement participé à un coup d’État – qui a coûté la vie à de nombreuses personnes – constitue une violation de la liberté de la presse. Le fait de ne pas renouveler la licence d’une chaîne qui a également pris part de manière active au sabotage pétrolier de décembre 2002, en lançant des appels au blocage général de l’entreprise PDVSA, – ce qui a failli conduire le pays à la banqueroute – n’est pas une décision légitime, sage et indispensable mais une « grave atteinte au pluralisme des médias » qui doit être condamnée.

Dans une situation similaire, n’importe quel autre gouvernement du monde aurait immédiatement pris des mesures draconiennes contre RCTV. Le président Chávez, lui, a préféré patienter jusqu’à l’échéance légale de la concession malgré la pression populaire. En effet, cette décision avait suscité la réprobation générale de la part de la majorité des citoyens vénézueliens qui ne comprenaient pas pourquoi une chaîne de télévision putschiste était encore autorisée à fonctionner. En outre, il ne s’agit nullement d’un cas de censure comme l’affirme RSF puisque RCTV pourra toujours continuer à fonctionner par câble et par satellite sans aucun problème. Elle n’utilisera pas simplement la fréquence qui appartient à l’Etat.

L’organisation parisienne feint d’ignorer la réalité médiatique du Venezuela. Elle ose parler de « pluralité éditoriale » alors que RCTV, Globovisión, Venevisión et Televen – qui contrôle près de 90 % du marché télévisuel et disposent donc d’un monopole médiatique indéniable – sont, selon RSF, « clairement situés dans l’opposition au gouvernement ». Cette exclusivité médiatique n’a évidemment jamais été dénoncée par RSF. Elle omet également de signaler que depuis l’accession de Hugo Chávez à la présidence, la principale activité de RCVT a consisté à diffuser de fausses informations au sujet de la politique du gouvernement et à inciter à l’altération de l’ordre constitutionnel, en se faisant le porte-parole des militaires insurgés prônant un coup de force.

Dans une lettre ouverte destinée au président Chávez, Robert Ménard, secrétaire général de RSF depuis plus de vingt ans, fait semblant d’ignorer les activités subversives et malveillantes de RCTV, sans aucun respect pour la déontologie journalistique. Pour RSF, diffuser de fausses informations, dénigrer constamment l’action du gouvernement, inciter la population à la désobéissance et à la violence, inviter régulièrement des généraux putschistes à déverser leur haine contre le président de la République n’est en rien condamnable car il s’agit simplement du rôle de « contre-pouvoir des médias ». Après tout, « l’exercice de l’autorité dans une démocratie s’expose par nature à la critique des médias ».

Parfois, RSF, tellement obsédée par le fait de présenter le gouvernement bolivarien comme une menace pour la liberté de la presse, tombe dans l’absurde ne sachant plus quoi inventer. L’attribution de la publicité officielle, qui est une prérogative de l’État, devrait être confiée prochainement au Ministère de la Communication et de l’Information (MINCI). L’organisation parisienne s’inquiète de cette décision car « cette manne représente un gage de survie important pour un certain nombre de médias ». Il est fort probable – et logique – que le gouvernement ne financera pas les médias hostiles à son égard en signant des contrats publicitaires avec eux. Mais pour RSF, si le gouvernement refuse de faire appel à la presse privée pour sa publicité, il « porte atteinte aux médias et à leur indépendance ».

Le 15 novembre 2006, RSF accusait également Numa Rojas, le maire de Maturín, de censurer « quatre médias critiques à son égard ». Rojas, membre du parti du président Chávez, dont la politique est constamment dénigrée par deux journaux et deux radios, a tout simplement décidé qu’il ne ferait plus appel à eux pour diffuser la publicité de la municipalité. Les quotidiens La Prensa et El Periódico de Monagas ainsi que les radios Órbita et 93.5 La Gran FM, tous affiliés à l’opposition, mènent depuis un certain temps une campagne acharnée à son égard. Pour RSF, « sanctionner financièrement [ces médias] en les privant de ressources publicitaires relève purement et simplement de la censure ».

Dans son rapport 2006 sur la « liberté d’expression » à travers le monde, RSF accumule les accusations contre le Venezuela. « La loi sur la responsabilité sociale des médias et la réforme du code pénal, très restrictives en matière de liberté d’expression, sont autant d’incitations à la censure », affirme l’organisation parisienne, même si elle reconnaît que le gouvernement n’y a pas recouru. La loi en question adoptée le 7 décembre 2004 autorise la Commission nationale des télécommunications à suspendre les stations de radio et les chaînes de télévision qui « promeuvent, font l’apologie ou incitent à la guerre, à l’altération de l’ordre public et au délit ».

Ainsi, pour RSF, interdire aux médias de lancer des appels à la guerre civile, au soulèvement armé, à l’assassinat du président de la République et des hauts dirigeants politiques ou à la violence, comme cela est le cas dans n’importe quel pays du monde, est une « incitation à la censure » au Venezuela. RSF remarque avec regret que « la législation semble cependant avoir eu un effet dissuasif sur les médias, quitte à priver la presse de son rôle de contre-pouvoir ». Que suggère RSF ? Autoriser les médias à lancer des appels à la haine, à la violence, à la subversion et à l’assassinat de Hugo Chávez au nom de la liberté d’expression ?

RSF fustige également l’article 297A du code pénal qui prévoit des peines de deux à cinq ans d’emprisonnement pour la diffusion de fausses informations de nature à « semer la panique » par voie de presse. Pour RSF, les médias vénézuéliens ont évidemment le droit de semer le trouble au sein du pays, cela faisant partie de la « liberté d’expression ». De la même manière, RSF dénonce l’article 444 qui punit d’un à trois ans d’emprisonnement les propos pouvant « exposer autrui au mépris ou à la haine publique ». Pour RSF, au Venezuela, la presse doit avoir le droit d’inciter à la haine.

Enfin, RSF a également condamné le fait que des fonctionnaires de la Conatel aient « saisi le matériel émetteur de la station [Radio Alternativa 94.9 FM de Caracas] au motif que celle-ci n’avait pas l’autorisation d’émettre ». RSF reconnaît pourtant que « la fréquence avait, en effet, été attribuée à une autre station en septembre 2004 ». Ainsi, selon RSF, le fait que les autorités vénézueliennes fassent respecter la loi, comme cela se fait dans n’importe quel pays du monde (en France, aucune radio ne peut émettre sans autorisation officielle), constitue une « violation de la liberté de la presse ».

RSF affirme être une organisation apolitique uniquement intéressée par la défense de la liberté de la presse. Elle déclare que son rôle n’est pas de s’immiscer dans les affaires internes du Venezuela. Mais la réalité est bien différente. RSF n’a jamais condamné la participation des médias privés dans la rupture constitutionnelle de 2002, se bornant seulement à reconnaître que « certains patrons de presse sont allés jusqu’à cautionner le coup d’Etat ».

En réalité, plus de 90 % de la presse privée dont les quatre principales chaînes de télévision avaient ouvertement et activement soutenu la junte putschiste. Les principaux directeurs des médias privés s’étaient même réunis avec le dictateur de 47 heures, Pedro Carmona Estanga, le 13 avril 2002, pour recevoir les directives. Pour RSF, la participation au coup de force de la part des médias ne constituait pas un crime monstrueux. Il s’agit simplement d’« un manquement aux règles élémentaires de déontologie », rien de plus. Dans son rapport annuel de 2003, à aucun moment RSF ne condamne le rôle des médias dans le renversement du président Chávez.

Pis encore, le 12 avril 2002, RSF avait publié un article reprenant sans aucune réserve la version des putschistes et avait essayé de convaincre l’opinion publique internationale que Chávez avait démissionné :

« Reclus dans le palais présidentiel, Hugo Chávez a signé sa démission dans la nuit, sous la pression de l’armée. Il a ensuite été conduit au fort de Tiuna, la principale base militaire de Caracas, où il est détenu. Immédiatement après, Pedro Carmona, le président de Fedecámaras, a annoncé qu’il dirigerait un nouveau gouvernement de transition. Il a affirmé que son nom faisait l’objet d’un "consensus" de la société civile vénézuélienne et du commandement des forces armées ».

Aussi incroyable que cela puisse paraître, ce communiqué n’a pas été émis par Washington, qui avait orchestré le coup d’État, mais par RSF.

« Les alters[mondialistes] ont toutes les indulgences pour l’ex-putschiste Hugo Chávez, ce caudillo d’opérette qui ruine son pays mais se contente – pour l’instant ? – de discours à la Castro sans trop de conséquences réelles pour les libertés de ses concitoyens ». Encore une fois, ces propos n’ont pas été tenus par le président George W. Bush. Ils ne sont pas non plus le fait des auteurs du sanglant coup d’Etat contre le président Chávez. Cette phrase n’est rien d’autre que l’œuvre de…Robert Ménard, le secrétaire général de RSF et a été publiée dans Médias, la revue officielle de l’organisation.

« Le gouvernement de Hugo Chávez est un échec, une catastrophe économique de promesses non tenues ». Ces propos ne viennent pas de l’oligarchie vénézuelienne, dont l’aversion à l’égard de celui qui vient de sortir victorieux de 12 processus électoraux consécutifs est sans limite, mais de… Robert Ménard encore une fois. Ils ont été prononcés à Miami (ville de Floride qui est devenue le fief des putschistes qui ont fuit la justice de leur pays) lors de la visite du secrétaire général de RSF à l’extrême droite cubaine et vénézuelienne en janvier 2004.

Mais tout cela est-il étonnant quand l’on sait que la principale correspondante de RSF au Venezuela est la politologue María Sol Pérez Schael, éminent membre de l’opposition qui avait soutenu le coup d’État. Dans le journal El Universal, elle avait exprimé son soutien aux militaires putschistes qui occupaient la Plaza Francia et les avait qualifiés « d’hommes dignes qui ont su dominer leurs impulsions [et d’hommes] vertueux qui envoient un message de civisme au pays et au continent ». Leur message « de civisme » consistait en fait à lancer des appels à la grève générale et au sabotage pour renverser Hugo Chávez.

Est-ce surprenant quand l’on sait que RSF est financé par la National Endowment for Democracy (Fondation nationale pour la démocratie-NED), une entité créée par Ronald Reagan et financée par le Congrès étasunien dans le but de promouvoir la politique étrangère des Etats-Unis à travers le monde ? Que reste-t-il de la crédibilité de RSF ? Qui peut encore croire que cette organisation ne défend pas un agenda politique bien précis?

En mars 1997, le New York Times notait à ce sujet : « La National Endowment for Democracy a été créée il y a 15 ans pour réaliser publiquement ce que la Central Intelligence Agency (CIA) a fait subrepticement durant des décennies. Elle dépense 30 millions de dollars par an pour appuyer des partis politiques, des syndicats, des mouvements dissidents et des médias d’information dans des dizaines de pays ». En septembre 1991, Allen Weinstein, qui avait contribué à faire adopter la législation donnant naissance à la NED, déclarait au Washington Post : « Beaucoup de ce que nous faisons aujourd’hui a été fait par la CIA il y a 25 ans de manière clandestine ». RSF, financée par une officine écran de la CIA, selon Weinstein et le New York Times, pourra-t-elle encore tromper longtemps l’opinion publique?

RSF ne défend pas la liberté de la presse au Venezuela. Elle y défend les intérêts élitistes et mesquins des États-Unis et de l’oligarchie. Son traitement partisan et idéologique de la réalité vénézuelienne et le financement qu’elle reçoit de Washington ne laissent guère place au doute. Son objectif est de faire passer un gouvernement démocratique et populaire pour un prédateur de la liberté de presse à la conduite autoritaire, de le discréditer ainsi aux yeux de l’opinion publique internationale, pour justifier un éventuel coup d’État à son encontre ou une intervention militaire étasunienne.

Salim Lamrani
Profesor de espanol y joven investigador en la Universidad Denis-Diderot de Paris
 
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